Monday, February 04, 2013


"Le Dernier Homme de Fukushima" 

The last man of Fukushima

福島に残る最後の男

Naoto Matsumura

par Antonio Pagnotta, aux Editions Donquichotte. A paraître le 7 mars 2013.

"Ce récit est l’histoire vraie d’un homme exceptionnel, d’un personnage de légende. Naoto Matsumura, tel un un samouraï sans maître, a refusé en mars 2011 d’évacuer la zone interdite autour de la centrale explosée de Fukushima. Malgré le tsunami et l’apocalypse nucléaire, malgré les réacteurs qui, deux ans après, continuent de cracher de la radioactivité, il a choisi de rester sur la terre de ses ancêtres, dans sa ferme, auprès des quelques animaux encore vivants. Il est aujourd’hui le dernier habitant de Fukushima.

Par cet acte de résistance, le fermier manifeste sa colère face à Tepco, le géant de l’industrie nucléaire, mais préserve aussi son honneur en refusant le sort des habitants évacués des zones contaminées, condamnés à l’errance aujourd’hui et demain aux maladies certaines, pour finir tels des parias."

Antonio Pagnotta

Ce livre est un événement extraordinaire 2 ans après la gigantesque catastrophe japonaise du 11 mars 2011. Plus de 20.000 morts après le séisme et le tsunami et ce qui a été la 3e catastrophe l'accident nucléaire sur le site de Fukushima Dai Ichi. Un livre événement grâce aux longues enquêtes au Japon et dans la zone interdite de Fukushima d'Antonio Pagnotta, journaliste photographe dont je connais le courage, le regard original, pénétrant d'authenticité et de réalisme. Beaucoup ont voulu l'imiter. Il a toujours été le premier. "Médiapart" a parlé d'Antonio Pagnotta récemment. La presse japonaise a souvent adoré ses scoops depuis 20 ans.

J'ai été très heureux de recevoir les encouragements d'Antonio durant ma couverture au Japon de la triple catastrophe depuis les premières heures du 11 mars 2011 pour RTL alors que Fukushima faisait fuir, loin de Tokyo et du Japon, des dizaines de milliers d'étrangers, dont plusieurs milliers de Français, abandonnant les japonais dans leur peine. "Tu as écrit une page d'histoire" me disait alors Antonio et il en connaissait les dangers, avec sa longue expérience du nucléaire, lui qui a toujours recherché le courage chez les hommes qu'il croise dans son métier, Matsumura-san est de  ceux-là!

Cela dit attention à ce que son livre ne soit pas utilisé par les autorités politiques japonaises pour justifier, par le courage de Matsumura-san, le recours au "sulfureux" complexe (militaro) industriel nucléaire japonais dans un pays placé par la nature sur la Ceinture de feu du Pacifique, archipel menacé chaque minute d'une catastrophe plus effroyable que celle du 11 mars. Une menace qui devra susciter une véritable politique de sécurité industrielle, pensée, transparente, débattue et en conformité avec le droit à la vie et à la santé.


(Article et photos présentés avec l'autorisation de Antonio Pagnotta)

Editions Donquichotte. A paraître le 7 mars 2013.
http://www.donquichotte-editions.com/documents/le-dernier-homme-de-fukushima/





Sunday, February 03, 2013


Avenir incertain pour Futaba, village proche de Fukushima 




Katsutaka Idogawa, le maire de la ville de Futaba, s'est exprimé récemment aux Nations-Unies au sujet de la radioactivité à Fukushima. Témoignage poignant. La VDO a été traduite en francais, elle a été très récemment postée sur youtube.

Voici le commentaire du discours de Mr Idogawa que j'ai reçu d'un scientifique européen reconnu:
"Le Maire a pris des initiatives étant responsable de la commune la plus près du réacteur No 1 qui explosait, à la vue de tous. Tchernobyl nous a appris que le périmètre de 30 km allait être être évacué. La commune de Futuba était entre 1 et 15 km des réacteurs fumants, dont le combustible avait fondu. Les mesures de la contamination du milieu qui furent faites après, ont montré que le Maire avait eu raison. Mais il fallait le punir, rendre sa démarche encore plus compliquée.

La différence avec les populations voisines, c'est que ces dernières ont dû attendre que la dose dépasse une limite "tolérable" dans de telles circonstances, attendre que les rayonnements ionisants aient provoqué des altérations génétiques, après que les vents d'ouest qui protégeaient les communautés habitées, ont changé de direction. Les altérations génétiques ont pu débuter le 16 mars 2011, pour tous ceux qui ont été forcés de rester. Ces altérations génétiques sont bientôt fixées dans les cellules et seront transmises à leurs descendants." Fin de Citation.

Et comme me l'écrit un autre scientifique: "L'avenir des gens de Futaba et des habitants des zones contaminées est déterminé par l'incertitude. Le cas de Futaba est extrême mais exemplaire de ce qu'implique d'injuste et d'inhumain un accident atomique.

Sa lettre de démission est terrible : elle procède de l'illusion qu'un projet d'avenir comporterait le retour dans la ville. Elle concentre en quelque sorte toutes les contradictions qui plongent la société japonaise dans la plus profonde confusion. La vie après l'accident ne peut pas redevenir comme avant là où la radioactivité a été répandue. L'expérience de Tchernobyl en apporte la preuve constante avec son lot de contraintes et de maladies dans des groupes humains rongés par le désir de n'y plus penser, de faire comme si tout était normal."


Katsutaka Idogawa, maire de Futaba, Préfecture de Fukushima, veut maintenant démissionner de son poste.

Futaba avait dûment transféré ses fonctions administratives à la ville de Kazo, Préfecture de Saitama, après l'accident nucléaire qui, sous l'autorité sage de son maire Idogawa-san, a forcé la ville à évacuer vers des zones plus sûres. Tous les résidents ont été évacués de Futaba. Mais l'industrie du nucléaire japonais ne l'entendait pas ainsi, et le 20 décembre 2012, le conseil municipal de la ville de Futaba, objet de pressions par le lobby nucléaire disent les critiques, a déposé une motion de censure contre le maire Idogawa, l'accusant de ne pas avoir assisté à une réunion du gouvernement central concernant les installations temporaires de stockage des déchets nucléaires dans des zones polluées par les substances radioactives de TEPCO, Tokyo Electric Power Co.

Idogawa-san a fixé sa démission au 12 février 2013 et l'élection d'un nouveau maire de Futaba aura lieu dans les 50 jours qui suivent. Son message aux Nations-Unies prend toute la mesure de son courage et de la crise des institutions perçue face aux industriels japonais du nucléaire, révélée et confirmée par le rapport de la commission parlementaire du Dr. Kiyoshi Kurokawa.


Pour information.

http://www.youtube.com/watch?v=h53lSGXGC_g