Thursday, July 15, 2010

France & Japon! La Presse Tenue à Distance





Carton Rouge!


Le dossier franco-français dans ce Blog consacré à l'Asie? De quoi s'agit-il?

A l'occasion aujourd'hui et demain, 15 et 16 Juillet, de la visite de 48 heures au Japon du premier ministre français, en route vers la Nouvelle Calédonie, François Fillon et Naoto Kan vont faire une déclaration devant les journalistes japonais et français* et les "Foreign Correspondents" sont invités "à assister à la présentation" de cette rencontre au sommet des deux chefs de gouvernement au "Kantei", le Matignon japonais, mais les journalistes ne pourront poser aucune question à François Fillon et Naoto Kan!



A aucun moment il ne nous sera possible de poser des questions au premier ministre Fillon et à son homologue japonais Naoto Kan. Les services officiels japonais et français avancent pour motifs que les 2 hommes politiques craignent "que des questions soient posées sur l'actualité".

Excusez-moi...?

"No comment" sur la défaite de Naoto Kan aux élections sénatoriales de dimanche dernier, sur les relations entre la France et le Japon, sur l'actualité internationale, sur les affaires en cours. "No question" à François Fillon, sur la France ou le Japon, notamment l'affaire Woerth-Bettencourt, sur les suites de l'affaire Ozawa, sur le financement occulte de la vie politique japonaise, sur le futur programme gouvernemental pour Naoto Kan. Bref, sur l'actualité.



Si la presse ne peut plus faire son travail, poser des questions aux dirigeants politiques, si la presse ne peut plus accomplir sa mission et son devoir d'information, et les questionner sur leurs actions et décisions, bref de constater et transmettre le message selon lequel les dirigeants ont a coeur de respecter leurs engagements nationaux et internationaux en matière de promotion et de garantie de la liberté d’information, il me parait utile aujourd'hui de rappeler le rôle essentiel que les journalistes ont à jouer dans ce domaine et de dénoncer la méthode autoritaire qui s'apparente à un cas flagrant de censure.

Souligner l’importance de la liberté d’information en tant que partie intégrante de la liberté d’expression et sa contribution à la gouvernance démocratique, c'est ce qui anime les journalistes et on ne peut que regretter les campagnes de dénigrement lancées actuellement en France contre la presse. Le droit de savoir et de questionner est un droit fondamental et permet aux démocraties de promouvoir la réflexion et les échanges d’idées sur la liberté d’information pour faire progresser l’autonomisation des citoyens, la transparence, la responsabilisation de la vie publique et la lutte contre la corruption.

De bonnes raisons pour être en droit et en condition de pouvoir poser des questions aux décideurs et élus, quels qu'ils soient. D'autant que les français ont des questions. Par exemple: Une étude CSA pour Le Parisien-Aujourd'hui en France http://yhoo.it/9S5or9 indique en effet que:

"... pour 57% des personnes interrogées, le président français n'a pas balayé leurs doutes sur l'affaire Woerth-Bettencourt, le dossier des retraites ou la réduction des déficits publics. A l'inverse, 32% jugent qu'il a été persuasif. Au premier rang des sujets qui ont le moins convaincu figure l'affaire Woerth-Bettencourt, sur laquelle 62% des personnes interrogées n'ont pas jugé probantes les réponses de Nicolas Sarkozy. "Ces pourcentages s'infléchissent peu quand la question est posée aux seuls spectateurs ayant vu la prestation du chef de l'Etat face à David Pujadas. Ils sont 52% à avoir jugé 'pas convaincant' le locataire de l'Elysée, contre 45%", précise Le Parisien. Dans Le Figaro, 44% des personnes interrogées par l'Ifop estiment que le chef de l'Etat a été globalement convaincant, contre 56% d'un avis contraire. Dans le détail, seuls ses propos consacrés au dossier de la réforme des retraites sont jugés probants par une majorité des personnes interrogées (52% contre 48%). Sur tous les autres sujets listés par l'institut de sondage, la balance est négative: 60% l'ont ainsi jugé pas convaincant sur l'affaire Bettencourt-Woerth ou sur la réduction de la dette et du déficit." Fin de citation.

Qu'en dit la presse?

"Les affaires Woerth continuent d’empoisonner le gouvernement" http://bit.ly/cpdpBi
"Affaire Woerth-Bettencourt-Sarkozy: le symbole de la lutte des castes" http://bit.ly/9Pb9gZ
Citations: "En concentrant entre ses mains les plus puissants leviers de pouvoir et les sommes d’argent les plus colossales, la classe aristo-politico-industrielle est forcément investie des plus hauts devoirs d’éthique, d’exemplarité et de transparence."

On le sait, des difficultés multiples sont ressenties par les français, et des critiques virulentes sont lancées à l'égard de la presse et des journalistes dans "les affaires" Bettencourt Worth et certes concourent à créer un climat nauséabond, une atmosphère de suspicion public-justice-politiciens-presse. Des doutes n'ont pas été dissipés par les déclarations officielles, c'est bien ce que ce sondage révèle. Dès lors, nul étonnement à observer notre élu national se réfugier dans le "no question no comment" qui s'apparente à un déni. Idem pour Kan qui s'était fait le champion de l'ouverture des "Kisha Clubs" avec son parti le Minshuto.

Retard à l'allumage

Mais ce que ce sondage indique aussi est la réaffirmation authentique du droit des publics à interroger leurs responsables, du droit à l'égalité dans l'accès à l'information, directement en période électorale ou via leurs représentants. Un rôle également assuré quotidiennement par la presse, son droit de savoir, de questionner, de commenter.*

Le droit d'accès à l'information, thème de la Journée mondiale de la liberté de la presse chaque 3 Mai, garantit aux publics que l’UNESCO http://www.unesco.org/new/en/unesco/ soutient les actions destinées à autonomiser les individus de façon qu’ils puissent avoir accès et contribuer aux flux d’information et de connaissances.

* En tant que Co-Chairs du "Freedom of the Press Commitee of the FCCJ", nous avons publié 2 communiqués sur le droit à l'information lors des conférences de presse et briefings au Kantei.

**Les journalistes correspondants étrangers travaillant au Japon ont invité le 18 mars 2010 le ministre français des affaires étrangères et "French Doctor" Bernard Kouchner pour un déjeuner de presse qui s'est révèlé être un véritable succès. Nous avions travaillé la préparation de cette rencontre et débat lors de mon mandat au Board of Directors du "Press Club" en parfaite coordination avec les services officiels concernés en France et au Japon.


MFAE Bernard Kouchner (C) Ambassadeur de France Philippe Faure (G) Modérateur (D)



Sources: Parisien, Figaro, Liberation, Le Monde, La Tribune, Le temps, Les Inrock, Agences, Reporter's notes.


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