Saturday, May 27, 2006

Clearstream, le PIEGE



Seiryu, mon intrépide chasseur de nouvelles, me faisait a
nouveau ses confidences ce soir après une remise de
décoration très sympathique et réussie a l'ambassade de
France, a Tokyo ou cette affaire Clearstream, compte en
banque de Chirac (après tout c'est peut être au gosse
japonais de Chirac ce foutu compte, un président a des
économies devant lui non?) l'histoire des relations
d'affaires avec des mafieux de la finance et des VIP
arrosés commencent a agacer tout le monde tant on
mélange bien des choses. Les faits et les légendes alors
que la réalité est peut être beaucoup plus simple.

Mais c'est cet article d'un hebdo français qui suscite le
plus de questions :

"... D'un côté on voit un juge d'instruction qui
rencontre, a 3 heures du matin, Jean-Louis Gergorin, l'un
des personnages clefs de cette histoire, puis se fait
porter par un avocat de vraies-fausses lettres
anonymes... De l'autre, se profile un général,
conseiller de la ministre de la Défense, qui tente de
suivre, et même d'anticiper, l'instruction du juge Renaud
Van Ruymbeke..."

Alors entre deux sashimis et une bonne bière fraîche,
Seiryu se sent très inspiré et me livre a une terrasse,
devant une jeunesse japonaise insouciante, ses
observations sur ce dossier Clearstream et ses critiques
sur cet article.

"Quand on piège quelqu'un on ne se dévoile pas aussi
facilement. Or actuellement c'est plus haro sur Gergorin
+ Rondot que sur le juge Van R."

-Sa rencontre a 3 heures du matin ?

"Supputant les horaires d'un juge "star" en pleine
instruction et d'un no 2 d'EADS, toujours en visites ou
en conférences, je crois que c'est tout a fait
compréhensible. Entretien sans notes ou sans citation?
C'est mal connaître le droit français et ce que
représente un juge en cours d'instruction; et les langues
se délient souvent sur l'assurance de ne pas être
dévoilées, et ce qu'elles apportent est souvent
essentiel. Avez vous entendu parler des "indics"?

-Rencontres surréalistes?

"Le numéro 2 d'EADS (110.000 personnes - 32 Md d'EUR de
CA / ventes en 2004) vous propose un entretien a 3h00 du
matin: vous n'y allez pas, vous en tant que journaliste?"

-Oui évidemment, et les lettres anonymes?

"Les dénonciations sont souvent anonymes, et si elles
vous sont présentées par le no 2 d'EADS, vous les lisez
au moins 2 fois. Et puis, comment déterminer d'avance le
contenu des lettres sans les recevoir et les lire? Et
puis, le fait qu'elles soient anonymes ou reconnues ne
signifie pas que leur contenu soit inepte, non?"

-Mais que penser des faux listings Clearstream?

"En recevant les listes, le juge les a étudiées et a
déterminé qu'elles lui semblaient fausses.

-Et pour l'interrogatoire de Gergorin?

"Pourquoi tant de précipitation? Ce n'est pas un
feuilleton haletant que font les juges, c'est une
instruction. On convoque pour poser des questions
auxquelles on ne sait pas ou mal répondre.... Il existe
des règles procédurales pour les instructions... que les
juges appliquent. Pourquoi tant d'agressivité vis a vis
d'un système judiciaire, auquel sont destinées toutes les
personnalités corrompues, pour les punir (selon les
journalistes de l'hebdo en question)

-Alors un parfum révolutionnaire "a la lanterne, les
corrompus?"

"Quelle agressivité chez les journalistes français c'est
effrayant, ça, non? Le seul intérêt, c'est le lien
logique proposé avec l'affaire des frégates de Taiwan...
Voila qui donne des éléments moins romantiques mais bien
plus logiques que ceux de naguère."

-Bidon?

"Toutes ces boites ont été des vaches a lait pour la
France, avec Taiwan elles se sont fait de l'argent de
poche. Les commission ce n'est pas illégal. Les dons
non plus. Ce qui est anormal c'est si il y a intention
de nuire ou de corrompre au départ... les fameuses
rétrocommissions".

-Corrompre? Mais... qui?

./.

On nous écrit de la région Parisienne, celle-ci vaut qu'on la cite :
(Je lui confère l'anonymat vu les temps actuels)

Citation :

"To: asiangazette
Subject: Au nom et aux frais de qui ?
Date: Thu, 25 May 2006 14:39:10 +0200

Bonjour Monsieur Legendre,
 
Je viens de découvrir votre blog et je suis heureux de voir que dans le microcosme français de Tokyo il y a des personnes qui maintiennent intacte leur acuité intellectuelle et leur sens critique ; j'ai vécu à Tokyo de 1996 à 2003 et j'ai eu bien souvent l'impression que mes concitoyens expatriés étaient  anesthésiés  par le Japon et ses douceurs fallacieuses.
En voici donc un qui n'est pas un « nippo-béat » !
J'ai longtemps cru que J. Chirac en était un, mais je réalise maintenant que ses liens paradoxaux avec le Japon peuvent avoir un substrat qui n'est pas fait que de fascination intellectuelle.
Je voudrais discuter avec vous des tenants et aboutissants d'une manie présidentielle qui certes n?est pas (si on la traduit en chiffres) un bien grand péché, mais qui choque l'individu armé de rigueur républicaine. J'ai eu l?occasion de vérifier de mes propres yeux, en allant à l'arène de Ryôgoku au printemps 2003, que les tournois de sumo de niveau national sont comme on me l'avait dit dotés d'un prix « du président de la république française ».
Cela donne l'occasion d'assister à une scène d'une grande cocasserie lorsque le malheureux Ambassadeur de France doit monter sur le dohyô après avoir ânonné un discours en japonais dont il n'est pas certain qu?il soit l'auteur?
Mais trêve de plaisanteries ; cela pose quelques questions sur les principes :
-       ces prix sont-ils le fait de la personne Chirac ou de Chirac agissant ès qualité ?
-       si c'est de M. Chirac personne privée et admiratrice du sumo qu'il s'agit, pourquoi cette référence à la « république française » et pourquoi la présence de notre honorable ambassadeur sur un podium où (hormis un ambassadeur venu de la péninsule arabique et celui de la république tchèque) on voit plutôt défiler les représentants d'entreprises japonaises aussi obscures que traditionalistes ?
-       si c'est ès qualité qu'il agit, à quelle politique concertée cela se rattache-t-il ? Le sumo est-il à ce point connu et goûté des Français qu'il faille s'en émouvoir et l'englober dans notre politique d'échanges culturels ou sportifs ? Je crois qu'on en est bien loin et que ce faisant Chirac divague...
-       et finalement, sur quelle cassette sont prélevées les dépenses qui permettent cet acte munificent et déplacé ?


./.

A suivre...